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  • Photo du rédacteurTala Kohana

La vulve de ma furette a doublé! Au secours! 3ème partie.

Dans les deux précédents blogs sur ce sujet nous avons étudié la maturité sexuelle chez les furets et les dangers.

Dans ce blog nous allons parler des contraceptifs et palliatifs.


1- La stérilisation "définitive" chirurgicale.


Les objectifs d'une stérilisation chez le furet sont multiples, notamment pour les propriétaires qui possèdent des groupes de furets :

- réduction de l'odeur corporelle de l'animal, surtout chez le mâle, par diminution des sécrétions des glandes sébacées (sous contrôle, entre autre, des hormones sexuelles).

- réduction des comportements indésirables liés aux périodes de reproduction, tels que le marquage urinaire, le marquage fécal et les comportements agressifs (combats entre mâles, harcèlements et morsures des femelles par les mâles).

- prévention des gestations non désirées par l'arrêt des chaleurs chez la femelle, et par l'arrêt de la spermatogenèse chez le mâle.

- prévention des risques d'hyperoestrogénisme pouvant s'avérer fatal chez les femelles.


Chez le mâle, la castration est recommandée à partir du moment où les testicules descendent dans le scrotum et deviennent palpables. Avant la puberté, et en dehors des saisons de reproductions, les testicules sont situés en région abdominale ventro-caudale. Ils ne descendent dans les bourses que lors de la période de reproduction, qui a lieu entre décembre et juillet chez le mâle. Toutefois, il est possible de les faire descendre mécaniquement par pression modérée sur l'abdomen caudal.

La vasectomie est une autre chirurgie de l'appareil génital qui permet l'obtention de mâles non reproducteurs, permettant ainsi de stopper les chaleurs des femelles avec lesquelles ils vont s'accoupler.




Chez la femelle, la stérilisation chirurgicale est recommandée avant ou lors des premières chaleurs, de préférence avant le début de la période de reproduction. Il est préférable de réaliser une ovariohystérectomie complète à une ovariectomie simple, afin d'éviter des modifications utérines qui pourraient survenir plus tard sous l'action d'une hyperplasie et, ou d’une tumorisation surrénalienne.

Le risque de rémanence ovarienne élevé et le risque de pyromètre sont deux autres facteurs qui, chez la furette, orientent le choix du vétérinaire vers l'ovariohystérectomie.




*Avantages de la chirurgie:

La stérilisation chirurgicale est utilisée depuis plusieurs années chez le furet et la furette. Les avantages suivants ont été observés :

-les objectifs précédemment cités sont atteints : prévention des risques d’hyperoestrogénisme, arrêt des chaleurs et de la spermatogenèse, prévention des gestations non désirées, diminution des odeurs corporelles, arrêts des comportements indésirables tels que le marquage territorial ; - prévention des risques d'affections prostatiques et de néoplasie testiculaire chez le mâle.

-prévention des risques d'affections utérines (métrites/pyromètres) et des risques d'atteintes néoplasiques utérines.

-action définitive. Il n'y a pas nécessité de réitérer le traitement dans la vie du furet, contrairement à la stérilisation chimique, comme nous le verrons plus loin.

-action immédiate chez la femelle, action retardée chez le mâle (6 à 7 semaines).

-par extension, le coût d'une castration/OVH sera moins important sur le long terme, en comparaison d'une gestion chimique telle que la pose d'un implant.

*Inconvénients de la chirurgie:

Avec le recul, nous connaissons désormais plus précisément les risques et inconvénients liés à la stérilisation chirurgicale chez le furet :

-bien qu'il s'agisse d'un acte de convenance, cette méthode reste une technique chirurgicale qui nécessite une hospitalisation et la nécessité d'un suivi post-opératoire de l'animal.

La présence d'un risque anesthésique (de 0.33% à 2.7%) et d'un risque chirurgical (saignements péri-post opératoires, erreur de ligature des uretères chez la femelle avec hydronéphrose) sont à prendre en compte.

-il s'agit d'une méthode irréversible. Il est indispensable de bien informer les propriétaires que leur animal ne pourra plus reproduire, élément primordial pour les éleveurs.

-pendant longtemps, la stérilisation chirurgicale a été préconisée chez le mâle afin d'obtenir une diminution de l'agressivité inter et intra spécifique. Cependant, il semblerait que la castration n'ait que peu d'effets sur l'agressivité des mâles, ou du moins, des effets limités dans le temps, voire aucun effet.

-la stérilisation chirurgicale est, avec l'augmentation de la photopériode (furets en appartement), un des facteurs favorisant l'apparition de la maladie surrénalienne.

Cette affection, causée par une hypersécrétion de stéroïdes sexuels par des tumeurs corticosurrénaliennes, se traduit le plus souvent par une alopécie bilatérale symétrique diffuse, et des signes d'hyperoestrogénisme aussi bien chez les mâles que chez les femelles.


2- Stérilisation par une technique chimique:

Suite à la mise en évidence des risques à long terme, d’ une stérilisation chirurgicale chez le furet, avec notamment la favorisation de l'apparition de la maladie surrénalienne, de nombreux essais et recherches ont été réalisés dans le but d'obtenir des solutions alternatives à la castration/ovariohystérectomie. Nombreuses ont été les méthodes proposées. Cependant, la plupart ont finalement été mises de côté avec l'apparition de l'implant longue action à base d'acétate de desloréline.


- L'implant d'agoniste de la GnRH:

Il s'agit d'un implant à libération lente d'un analogue de la GnRH.

La gonadotrophine a pour effet de stimuler les récepteurs à la GnRH, induisant, dans un premier temps, une augmentation de production et/ou de libération de LH et de FSH.

Suite à cette sur-stimulation des récepteurs, ceux-ci vont être désensibilisés. Cela aura pour effet une suppression totale de libération de FSH et LH dans l'organisme, et donc un arrêt total du cycle hormonal et des fonctions reproductrices chez l'animal.

L'implant existe en 2 dosages différents : le 4.7 mg et le 9.4 mg.



*Avantages

L'utilisation de l'implant chez le furet/furette possède les avantages suivants :

-les objectifs précédemment cités (ex : prévention des risques d'hyperoestrogénisme, arrêt des chaleurs et de la spermatogenèse, prévention des gestations indésirées, diminution des odeurs corporelles.....) sont atteints comme dans le cadre de la chirurgie.

-il s'agit d'une procédure simple à réaliser, peu invasive pour le furet, présentant des risques moindres du point de vue technique et anesthésique (anesthésie flash donc risque inférieur à 0.33% contre plus de 2% pour la chirurgie).

-l'implant est présenté comme une méthode induisant une infertilité temporaire. Il pourra donc être de nouveau envisageable de faire reproduire son animal. Il semble que les mâles puissent être de nouveau fertile 16 mois après l’implantation (RCP Suprelorin). Le retour à la reproduction est plus long pour les femelles, avec une durée moyenne de 2 ans postimplantation avant d'avoir de nouveau une portée (Prohaczik et al. 2010).

-l'implant possède une longue durée d'action, en comparaison des autres techniques de stérilisation chimique : avec une durée estimée à 2 ans environ pour l'utilisation du 4.7 mg, 16 mois chez le mâle, 17 mois chez la femelle.

-la diminution de l'agressivité inter et intra-spécifique chez le mâle est plus importante qu’avec la chirurgie, avec concomitamment une augmentation des comportements de jeux.

Chez 77 % des furets mâles et 34.5% des femelles, une modification du comportement a été observée, avec un comportement moins agressif et plus amical envers les propriétaires.

*Inconvénients

En France actuellement, seul l'implant 9.4mg possède une AMM pour la stérilisation chez le furet mâle, exclusivement. Toute utilisation de l'implant 4.7mg chez le mâle, ou d'un implant (4.7 ou 9.4 mg) chez la femelle est réalisée hors AMM, donc sous la responsabilité du praticien qui posera l'implant.

-les risques liés à la technique sont minimes. Cependant, il est important de confirmer la pose correcte de l'implant suite à l'injection sous cutanée, en le palpant sous la peau. Il a en effet été rapporté par le laboratoire commercialisant l'implant, qu'en l’absence de fermeture (via un point cutané ou utilisation de colle chirurgicale) suite à l'injection d'un implant 9.4 mg, il est possible que ce dernier ressorte du furet. Ceci n’a pas été rapporté pour l'implant 4.7 mg, de taille plus réduite. En cas de doute sur la présence de l'implant, il peut être intéressant de réaliser un examen échographique de la zone nucale, l'implant étant échogène mais non radioopaque. Bien qu'extrêmement rare, il est également possible que l'implant soit défectueux.

-la stérilisation par pose d’implant est une méthode plus coûteuse que la chirurgie, puisque sur le long terme, il faudra réimplanter l'animal à plusieurs reprises ;

-l'action de l'implant n'est pas immédiate. En moyenne, il faut 2 à 4 semaines avant que les premiers effets soient visibles.

-bien que longue (supérieure à un an), la durée d'efficacité de l'implant est variable selon les individus. Il a été démontré que, après pose d'un implant 4.7 mg, sa durée d'effet était en moyenne de 1012 +/-38 jours (95% de précision) avec des valeurs allant de 301 à 1339 jours d'efficacité, pour un minimum de 2 ans dans 77% des cas testés.

Il est donc important pour les propriétaires de furets implantés, d'évaluer l'arrêt de fonctionnement de l'implant via certains éléments :

-réapparition de comportements sexuels chez les mâles et les femelles ;

-augmentation de l'odeur corporelle et de la taille des testicules chez le mâle.

-signes d'œstrus chez la femelle.


3- Administration hCG / GnRH.

Suite à l'accouplement, un pic de LH est induit, ce pic peut persister pendant 12h. L'injection d'hCG permet de mimer cette montée par action directe (100 UI en IM 10 jours après le début de l'œstrus).

Cette imitation peut aussi être induite indirectement par injection de GnRH (20µg de GnRH en IM 10 jours après le début de l'œstrus).

35h après injection, on note la formation d'un corps jaune dans 95% des cas , l'œdème vulvaire diminue une semaine après l'injection, et la pseudo gestation dure pendant 40 à 60 jours.

Cette technique ne peut s'appliquer qu'aux furettes.

Les conséquences rapportées dans la littérature lors d'une pseudo gestation sont la mise en place d'un comportement de nidification pouvant s'exprimer par des réactions d'agressivité envers le propriétaire ou les autres congénères, ainsi qu'une augmentation de la taille de l'abdomen et des glandes mammaires, rendant cette technique peu attractive au final.

De plus, il a été démontré que des injections répétées de GnRH pouvaient mener à une sensibilisation du furet, et engendrer des réactions anaphylactiques suite à l’injection. Ces réactions peuvent être gérées via l'administration d'antihistaminique.

Cependant, cette technique peut s'avérer utile, notamment dans le cas d'une gestion d'élevage.


4- Utilisation d'un mâle vasectomisé.

Le furet, comme le lapin et le chat, sont des espèces à ovulation induite par l’accouplement. Chez le furet, la stimulation vaginocervicale, ainsi qu'une prise au niveau du cou, sont nécessaire à l'induction, contrairement au lapin et au chat, espèces pour lesquelles la stimulation mécanique vaginale sera suffisante au déclenchement d’une ovulation.

L'utilisation d'un mâle vasectomisé pour induire l'ovulation chez les furettes est réalisée, notamment au Royaume Uni, avec un taux de réussite de 75% d'arrêt des chaleurs après un accouplement et 85% lors de 2 accouplement (Schomaker &s Lumeji & Rijnberk 2003).

Cependant, cette ovulation non fécondante se traduit par une période de pseudogestation de 42 jours (durée de gestation d'une furette). Rendant cette méthode peu attractive, d'autant que les mâles vasectomisés conservent une odeur corporelle, un comportement de marquage et une agressivité similaires à celles des mâles entiers.


5- Manipulation de la photopériode.

Le déclenchement de l'œstrus est lié à une augmentation de la durée de l'éclairage avec plus de 12 heures de lumière par jour. Il a donc été suspecté qu'en gardant des furets dans des conditions de luminosité faible, il serait possible de supprimer l'axe gonado-pituitaire.

La méthode serait la suivante : maintenir les furets dans un cycle avec un maximum de 8h d'éclairage /16 h d'obscurité ou bien 14h d'éclairage/10 h d'obscurité avec une injection de mélatonine dans les 8h suivant la fin de la période d'éclairage.



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